Passage à l’École des Arts Joailliers pour découvrir l’univers fascinant du bijou.

Fondée en 2012 grâce au soutien de Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers propose au grand public des enseignements sur trois grandes thématiques : le savoir-faire, le monde des pierres et l’histoire du bijou.

Luxus Plus Magazine a assisté à trois des cours proposés, à savoir : « Introduction à la gemmologie », « Premiers pas en joaillerie » et « Un tour du monde du bijou ». Sans tout vous révéler des connaissances acquises au cours de ces échanges éducatifs, nous nous attardons sur quelques anecdotes pour mieux vous faire appréhender la symbolique attribuée à nos parures. Par cette démarche, nous espérons cultiver votre intérêt pour la beauté et l’importance des joyaux, du plus renommé au plus inattendu.

Tout d’abord, insistons-nous sur un point primordial. Depuis la loi de 2002, il est interdit d’employer le terme «semi précieuses» pour les gemmes qui ne sont ni des « pierres précieuses » (pour rappel : le diamant / le rubis / le saphir / l’émeraude) ni des « pierres ornementales » (comme les biominéraux tel le corail). Elles sont qualifiées de « pierres fines ». En effet, le nom souvent utilisé de « semi » est quelque peu péjoratif et bien loin d’être révélateur de leur importance pour des pierres qui valent parfois au carat bien plus que les « précieuses ».

Ensuite, intéressons-nous à ce qui rend la joaillerie si attrayante.

« La joaillerie n’a pas d’autre fonction que d’être belle. », résume notre professeur Isabelle DELAHAYE.

Mais qu’est ce qui fait la joaillerie ? Nous pourrions la définir en deux mots : la beauté et la rareté. Si les parures attirent de par leurs gemmes, ces dernières doivent être belles, rares et durables. Selon Madame DELAHAYE, il nous faut « ressentir et vivre l’émotion des pierres ». Et que procurent la beauté et l’émotion ? Le désir. Cependant le désir s’acquière également par la symbolique que l’on attribue à l’objet que l’on convoite.

Les humains ont de tout temps inscrit une valeur protectrice aux gemmes. Le saphir par exemple, bien qu’il existe dans toutes les couleurs sauf le rouge, est connu primordialement pour son bleu. Ce dernier est représentatif des tons du ciel et donc de la protection divine. L’émeraude, quant à elle, est liée par son vert à la santé et au prophète dans les pays musulmans. Ainsi, que vous portiez du vert ou du bleu, vous êtes protégé contre le mauvais œil. Par ailleurs, saviez-vous que dans de nombreuses cultures les guerriers portaient des rubis ? Selon la légende, par ce procédé la flèche de votre ennemie de peut vous atteindre.

Autres que les pierres précieuses ; les pierres fines, ornementales ou les matériaux plus ou moins rares ont une importance primordiale dans le cœur des cultures.

Emblématique de l’Asie, le jade – pierre fine – est reconnu depuis le Néolithique. Son écriture est le plus vieil idéogramme asiatique qui existe. Et le diamant, si important pour les occidentaux, n’a été employé pendant longtemps que pour travailler le jade. La laque, technique chinoise utilisée depuis 5 000 ans avant notre ère est très appréciée des japonais, peuple particulièrement sensible au raffinement et à la délicatesse des biens.

Si aujourd’hui l’or est la matière dont la valeur fait office de loi générale, il n’est pas le premier à avoir été convoité. Que ce soit pour créer des pièces de monnaie, des sarcophages comme celui de Psousennès I ou des bijoux, l’argent était déjà consacré en Égypte pour montrer sa puissance.

Les pierres elles-mêmes n’ont pas toujours été les plus désirées.

En Afrique, les perles de verre étaient réservées aux chefs de tribus et aux personnes importantes dans la vie sociétale. Les diverses associations de couleurs et les designs réalisés permettaient de reconnaître la tribu et le statut social du détenteur de la parure (un chef, une personne mariée, un jeune qui avait réussi un rite de passage…). Le bijou était votre carte d’identité.

Chez les Inuits, l’appropriation des parties d’un animal une fois tué permettait de s’en protéger dans la nature. Ainsi, des griffes de grizzly pouvaient être portées pour récupérer sa force tout comme sa magie afin de communiquer avec l’espèce. La turquoise, pierre du ciel, a souvent été travaillée dans les cultures amérindiennes. C’est pourquoi des statuettes d’ours en turquoise ont été retrouvées. Le fait de mettre de la nourriture devant le fétiche avant de partir permettait de protéger sa maison pendant son absence.

Si chaque tribu a un ou des animaux symboliques, l’oiseau est souvent rattaché au spirituel humain. Par exemple, selon un mythe amazonien, un serpent géant aux écailles de multiples nuances souhaitait anéantir l’humanité. Les hommes et les oiseaux s’unirent alors pour le tuer et ensemble ils vainquirent. Pour remercier les oiseaux de leur engagement, les hommes prirent les couleurs sur le corps du serpent et les offrirent aux volatiles pour pigmenter leur plumage.

En Amérique, la plume a toujours été primordiale. Nul étonnant que l’aigle soit l’emblème des États-Unis. Étant l’oiseau qui vole le plus haut, il est celui qui communique le mieux avec le ciel et la terre. Contrairement à la vision monothéiste et la culture occidentale contemporaine, les peuples anciens considéraient le royaume des esprits réel et non divisible du terrestre. Mais à l’inverse de la valeur actuelle d’une gemme qui se définit en partie par sa rareté, les plumes n’étaient pas rares. Elles se gagnaient lors d’une ascension hiérarchique ou d’un exploit telle la victoire lors de guerres. Le port des plumes représentait notre CV actuel.

En Océanie les coquillages, les dents d’animaux et même les tatouages étaient des parures tout à la fois utilisées pour embellir et protéger. Les boucliers de guerriers étaient incrustés de coquillages. Quant au tatouage, à la différence des cultures occidentales qui l’ont associé à la marginalité et à l’exclusion de la société, l’idée initiale dans le Pacifique était de montrer l’appartenance. Comme les bijoux perlés africains, le tatouage reste encore dans certains lieux une carte d’identité mais incrustée dans le corps tel un bijou permanent.

Enfin la perle, miracle de la nature, fascine depuis la nuit des temps les hommes, quelques soient les continents. Elle est le trait commun entre les cultures qui lui accordent souvent des symboliques de pureté ou de puissance.

L’École des Arts Joaillers nous offre de manière ludique des informations clefs sur l’univers de la joaillerie et des métiers qui participent à son existence. Elle nous ouvre les yeux sur la beauté des pierres et des éléments constitutifs des parures. Que ce soit pour mieux comprendre un savoir-faire, mieux saisir les particularités des gemmes ou mieux appréhender le rapport entre les bijoux et le désir humain, les professeurs nous introduisent dans ce monde merveilleux qui fascine tout un chacun. Ils nous aident à embrasser les forces spirituelle et émotionnelle des joyaux, les rendant si précieux, si chers aux hommes.

Ces connaissances peuvent intéresser les aficionados comme les joailliers. En effet, ces derniers ont tout intérêt à ne jamais négliger la puissance du patrimoine non seulement lié à leur propre histoire mais également aux cultures qui nourrissent depuis toujours la symbolique des bijoux qui continuent de plaire aux clients modernes.

Et c’est pourquoi, tout en remerciant les enseignants Isabelle DELAHAYE et Léonard POUY pour leur bienveillance, leur passion et leur pédagogie, Luxus Plus Magazine ne peut que souligner l’importance du partage entre les Maisons et le grand public. A l’instar de l’École des Arts Joailliers, il est extrêmement bénéfique pour le Luxe de nourrir des passions et des vocations en développant l’acquisition ou l’échange de savoirs quant aux arts et à la culture des multiples domaines qui animent cette sphère.

Pour en découvrir plus, rendez-vous au 31 Rue Danielle Casanova, 75001 Paris.